Dans la petite cuisine de l’unité Fougère, Lema s’activait avec un soin presque rituel. Deux réchauds posés côte à côte sur la table, une grande marmite en terre cuite au centre, le tajine mijotait doucement. L’arôme des épices, cumin, coriandre, gingembre, embaumait l’air, emportant doucement les résidents et le personnel vers des contrées lointaines.
Lema, concentrée, remuait avec tendresse la préparation, son regard pétillant d’une fierté discrète. C’était sur son temps libre, volé à ses heures de repos, qu’elle avait décidé de concocter ce repas. Un cadeau venu du cœur, une transmission d’une part de ses racines berbères.
Pendant ce temps, dans la salle commune, Anabelle coordonnait la décoration avec quelques familles volontaires. Guirlandes de lumière tamisée, tapis colorés et coussins posés ça et là, plantes en pot aux feuillages généreux, tout était pensé pour transformer la pièce en un petit oasis.
« Il faut que ça ressemble à un voyage, » expliquait Anabelle, suspendant un mobile fait de petites lanternes. « Que nos résidents sentent qu’ils s’évadent, au moins le temps d’un repas. »
Les familles s’affairaient, riant doucement, échangeant des anecdotes, créant un cocon chaleureux où la fatigue se faisait plus légère.
Lema sortit enfin le tajine du réchaud, le couvert d’une épaisse vapeur odorante. Nana arriva, déposant les dernières nappes brodées sur les tables.
Quand les premiers résidents entrèrent dans la salle, leurs yeux s’émerveillèrent. La lumière dorée, les parfums, la douceur du décor leur offraient un instant de magie loin des contraintes du quotidien.
Thomas, souriant, se plaça près de Lema et Nana.
« Regardez, » murmura-t-il, « sans vous, que serait ce lieu ? »
Lema échangea un regard complice avec Nana. Malgré la fatigue, ce moment valait tous les combats.
Ils étaient là, ensemble, pour que chaque résident puisse s’évader, ne serait-ce qu’un instant, grâce à la chaleur d’un tajine et d’un sourire partagé.