La fin de journée s’installait doucement dans l’unité Fougère. Lema, épuisée, venait de terminer la toilette d’un résident. Elle s’effaça quelques instants dans le bureau d’Anabelle, la responsable, qui levait les yeux de ses dossiers.
« Tu as l’air fatiguée, » dit Anabelle avec douceur.
Lema esquissa un sourire, un peu forcé.
« Comme toujours, » murmura-t-elle. « Mais ça va. »
Anabelle posa son stylo, se leva et vint s’asseoir près d’elle.
« Je sais que ce n’est pas facile. Je vois tout ce que tu fais, et je sais que ce n’est jamais assez, jamais assez pour ce que tu voudrais offrir. »
Lema baissa les yeux, la gorge nouée.
« On est juste deux pour vingt-cinq, Anabelle. Parfois, j’ai l’impression de courir après le temps, de ne jamais pouvoir être là vraiment, là comme il faudrait… »
Un silence doux s’installa, chargé de compréhension.
Anabelle prit la main de Lema dans la sienne.
« Tu es une lumière pour ces résidents. Même dans la fatigue, dans ce système qui parfois nous étouffe, tu tiens bon. »
Lema sentit une larme rouler, vite essuyée.
« Merci. Ça me fait du bien de l’entendre. Parfois, j’ai peur de lâcher prise. »
Anabelle sourit, pleine de tendresse.
« Ne lâche pas. Tu n’es pas seule. Et sache que je ferai tout ce que je peux, même dans ce cadre compliqué, pour que vous ayez un peu plus de souffle. »
Lema hocha la tête, un peu apaisée.
« Ensemble, alors. »