Ce jour-là, malgré la fatigue et le manque de personnel, Lema et Nana avaient décidé de voler quelques instants pour organiser une petite animation dans la salle commune. Quelques chansons, quelques sourires, et surtout, du partage.
C’est là que Thomas fit son entrée, avec la discrétion d’un fils habitué des lieux, mais aussi avec la détermination d’un homme qui avait vu trop d’injustices.
Il salua Lema d’un sourire complice, puis Nana, avant de s’approcher du fauteuil roulant où sa mère reposait, le regard parfois perdu.
« Bonjour Madame Abbruzzese, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? » demanda Thomas avec douceur.
Lema observa la scène : Thomas connaissait chaque habitude, chaque tic, chaque peur de sa mère. Leur complicité avec lui était précieuse, un lien de confiance dans un univers souvent trop froid.
Pourtant, derrière cette bienveillance, Thomas gardait une rigueur implacable. Il questionnait parfois la direction, veillait au moindre détail des soins, et n’hésitait pas à défendre sa mère avec force, conscient des maltraitances physiques et institutionnelles qu’elle avait subies ailleurs.
« On fait ce qu’on peut, » lui confia un jour Lema. « Mais on a besoin de vous. »
Thomas hocha la tête, un peu las mais jamais résigné. « Ensemble, on peut faire bouger les choses. »
Dans l’unité Fougère, entre fatigue et tendresse, espoir et combat, la lumière trouvait toujours un chemin.