Les aides-soignantes sont deux, parfois trois avec leur responsable, Anabelle. Pour plus de
vingt-cinq résidents. Ce matin-là, elles étaient trois.
Lema, Nana, et Anabelle, leur responsable, qui donnait elle aussi un coup de main, les
manches relevées, les yeux partout.
Ce n’est pas qu’elles ne veulent pas faire mieux. C’est qu’elles ne peuvent pas.
Et pourtant, elles essaient. Chaque jour.
Lema, avec ses tresses attachées en chignon et son rire contagieux, murmure des mots tendres
aux résidents en les habillant.
Nana, vive, râle contre les draps coincés mais prend le temps de faire danser une résidente
dans le couloir.
Lema, toute en douceur, passe discrètement avec ses pansements, ses petites crèmes, sa
patience d’ange.
Et Anabelle, qui veille sur elles. Elle connaît leurs forces, leurs limites, leurs coups de fatigue.
Elle fait ce qu’elle peut pour les protéger du reste — de la pression, des comptes, des «
consignes du siège », comme elle dit. Mais même elle, parfois, baisse les yeux.
Dans cet EHPAD au bord de la mer, dans l’unité Fougère, elles ne sauvent pas le monde.
Mais elles le rendent vivable. Même pour ceux qui n’en attendent plus rien.