Il faisait chaud, cet après-midi-là . Pas la chaleur étouffante de juillet, mais une de ces douceurs moites qui vous appellent à ralentir, à chuchoter. Thomas entra dans la chambre de sa mère, doucement, comme on entre dans une église.
Elle dormait à demi, les paupières mi-closes, le souffle léger. Une de ses mains pendait au bord du drap. Il la prit délicatement, et la garda dans la sienne, sans un mot.
Depuis quelque temps, elle ne parlait plus beaucoup. Parfois des éclairs de lucidité, parfois de longues plages d’absence. Mais ce jour-là , en sentant les doigts de son fils, elle ouvrit lentement les yeux.
— Tu es lĂ … murmura-t-elle.
— Toujours, maman.
Elle cligna doucement. Un sourire mince s’Ă©tira sur ses lèvres.
— C’est toi le soleil aujourd’hui ?
Il eut un petit rire, ému.
— Non… c’est Lema qui t’a laissĂ© la fenĂŞtre ouverte. Tu sens l’air ? Il vient de la mer.
Elle hocha lentement la tête, le regard perdu au plafond. Puis, au bout d’un moment :
— Je ne veux pas être un fardeau.
Il serra sa main plus fort.
— Tu n’es pas un fardeau. Tu es ma maman. Et ce que tu vis… personne ne devrait le vivre seule. Tu sais, je me bats pour ça. Pour que plus personne ne se sente oubliĂ©.
Elle eut un souffle profond. Peut-être un soupir. Peut-être un « merci ».
Il lui lissa les cheveux, repoussant une mèche fine derrière son oreille.
— Tu sais, c’est grâce à toi. Tout ça. Je n’aurais jamais levé la voix si je ne t’avais pas vue souffrir, si je ne t’avais pas vu aimer quand même, sourire quand même.
Elle replia ses doigts autour des siens. Un geste simple. Mais immense.
Et ce jour-là , Thomas sut qu’il irait jusqu’au bout.